Émilie Pitoiset
The Vanishing Lady

Mar 11, 2017 – Apr 22, 2017
  • The Vanishing Lady, 2017,  Klemm’s, Berlin

  • The Vanishing Lady, 2017,  Klemm’s, Berlin

  • The Vanishing Lady, 2017,  Klemm’s, Berlin

  • The Vanishing Lady, 2017,  Klemm’s, Berlin

  • The Vanishing Lady, 2017,  Klemm’s, Berlin

  • The Vanishing Lady, 2017,  Klemm’s, Berlin

  • The Vanishing Lady, 2017,  Klemm’s, Berlin

  • The Vanishing Lady, 2017,  Klemm’s, Berlin

  • The Vanishing Lady, 2017,  Klemm’s, Berlin

  • The Vanishing Lady, 2017,  Klemm’s, Berlin

  • The Vanishing Lady, 2017,  Klemm’s, Berlin

Is it a trick? When the streets, passages and corridors are engorged with men wearing bowler hats and tweed jackets, all clustered in small grapes, exchanging loudly with the fervor of soldiers returning from the battlefield, in fits of laughter, in front of an already evaporated silhouette protected by the glass. We are at the end of the 19th century and Lyman Frank Baum, the beloved author of The Wonderful Wizard of Oz invents The Vanishing Lady. A model of bones and flesh appears and reappears in the window display, adorned with constantly renewed outfits. Boundary. Provoking disruption, displacements and drawing the eye, it pushes the curious ones to look again. Look again. Window-display is an art, not the fallacious kind. The ritual is more nefarious and esoteric; its mesmerizing effect is attracting a crowd of onlookers ready to do anything to interfere in this world.

Reminiscences of Valentine Hugo’s erotic objects, the sculptures are enacting a sibylline choreography as if to invoke some unknown telemic divinity escaped from an occult encyclopedia. Desire, boredom, violence, greed, and power, are alternatively evoked by crossing fingers, and replayed daily as condemned to a Sisyphean destiny. Like reptiles, their skins are capable of infinite regeneration. They are ephemeral embraces, desiring shells with volatile expectations. From their extremities, the praying bodies have vanished, reducing this landscape of gloves to a thick mist of hieratic signs. In this dismembered world, in which language breaks up at a dizzying speed, the visitor penetrates a haze where forbidden gestures are perpetrated.  Due to general demand, leather carcasses exhibit their intimacies, non-heroic in terms of contemporary standards but Herculean in their suggestions.

Shopping is the unfailing union between magic and fashion. An exhilarating experience where one touches, projects, and raises the gaze in an air-conditioned bubble of 72 Fahrenheit, the optimum temperature to generate fantasy.  Thanks to the ‘Gruen transfer’, a metabolic symptom named after the father of the architecture of shopping malls, Victor Gruen, the act of purchase allows access to an altered state. Shopping malls are architecturally scripted so as to disorient the consumer. Windows and exits are missing. Only an artificial remnant skylight guaranties that one does not feel as trapped as he could be. As the visitor walks through the galleries of this Babylonian dream his step is becoming heavier, his jaw goes limp and his senses dizzier. In this space where vision is degraded, Cartesian laws of perspective are no longer valid. One evolves randomly, like a puppet, between abstracted volumes and seductive signs. When one looks up, as if to confront the architect who pulls the strings, our eye confronts the inaudible truth: there is no master but only hands.

Take my hand and don’t ask why. Follow me in an iridescent world where the folded faces dissolve, silk veils fly away as far as the white horizon reaches, wrapping surfaces, and able to regenerate. Boundary. You are a youthful beauty, full of zeal and blood, disappearing and reappearing, bewitching and caressing. Yes, it is indeed a trick.

Pierre-Alexandre Mateos & Charles Teyssou

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Est-ce un leurre ? Quand les rues, les passages et les corridors sont engorgés par des hommes en chapeaux melons et en vestes de tweed, tous agglutinés en petites grappes, échangeant bruyamment avec la ferveur des soldats revenues du champ de bataille, riant aux éclats, c’est devant une silhouette cernée par le verre qui s’est déjà évaporée. Nous sommes à la fin du XIXème siècle et Lyman Frank Baum, l’auteur bien aimé du Magicien d’Oz invente The Vanishing Lady. Un modèle d’os et de chair apparait et réapparait dans la vitrine, paré de tenues constamment renouvelées. Limite. Entrainant des disruptions, des déplacements et attirant les regards, il pousse les curieux à regarder encore. Regarder encore. La vitrine est un art, pas du genre fallacieux. Le rituel se fait plus retors et ésotérique, son effet envoutant aimante la foule des badauds prête à tout pour s’immiscer dans son monde.

Réminiscence des objets érotique de Valentine Hugo, les sculptures réalisent une chorégraphie sibylline comme pour invoquer une divinité Thélémique. Désire, ennuie, violence, avarice, et pouvoir sont alternativement évoqués par des croisements de doigts et rejoués quotidiennement, comme condamné à un destin Sisyphéen. A l’instar des reptiles, leurs peaux se régénèrent infiniment. Ils sont des étreintes éphémères, des coquilles désirantes aux attentes volatiles. De leurs extrémités, les corps priants ont disparu, réduisant ce paysage de gants à un épais brouillard de signes hiératiques. Dans ce monde démembré, au sein duquel le langage se fragmente à une vitesse vertigineuse, le visiteur pénètre une brume ou des gestes interdits sont perpétrés. A la demande générale, ces carcasses de cuire exhibent leurs intimités, non-héroïque au regard des standards contemporains mais bien herculéennes dans leurs suggestions.

Le shopping c’est l’union indéfectible entre magie et mode. Une expérience vivifiante ou l’on touche, projette et soulève du regard dans une bulle d’air conditionné de 24° Celsius, la température optimale pour générer du fantasme. Grace au ‘Transfert de Gruen’, symptôme métabolique intitulé d’après le père de l’architecture des shopping malls Victor Gruen, l’acte d’achat permet d’accéder à un état second. Les centres commerciaux sont architecturalement scriptés de manière à désorienter le consommateur. Fenêtres et sorties sont absentes. Seul un ciel artificiel subsiste, garantissant que ne l’on ne se sente pas aussi enfermé que l’on est réellement. A mesure que le visiteur marche dans les couloirs de ce rêve babylonien, son pas s’alourdit, sa mâchoire se relâche et sa vigilance s’estompe. Dans cet espace où la vision est dégradée, les lois cartésiennes de la perspective ne sont plus valides. On évolue aléatoirement, telle une marionnette, entre volumes abstraits et signes aguicheurs. Lorsque l’on regarde en l’air, comme pour se confronter à l’architecte qui tire les ficelles de ce jeu, nos yeux se confronte à la vérité inaudible : il n’y a pas de maitre seulement des mains.

Prend ma main et ne me demande pas pourquoi. Suis-moi dans un monde iridescent où les visages plissés se dissolvent, les voiles de soies s’envolent aussi loin que va le blanc horizon voilant les surfaces et apte à régénérer. Limite. Tu es une beauté juvénile, pleine de sang et de zèle, disparaissant et réapparaissant, envoutante et caressante. Oui, il s’agit bien d’un leurre.

Pierre-Alexandre Mateos & Charles Teyssou